« Mon repos n’avait pas été de longue durée. Je m’étais assis non loin de l’entrée de la mine afin de pouvoir recoudre ma sacoche. Le soleil me redonnait l’énergie qui me manquait, mais il me fallait boire de l’eau sinon j’allais bientôt me déshydrater. Ma gourde s’était ouverte lors de mon combat précédent. J’avais réussi à récupérer l’eau qu’il y avait dans le fond de mon sac. Mais bien au-delà de son goût amer et rance, c’était la quantité qui m’avait fait défaut.
Alors assis et perdu dans mes pensées, j’avais entendu des secousses derrière moi. Je m’étais retourné et c’est là que je les avais vus. Au nombre de huit, des dabrus, les mains chargées de caillasse aussi gros que ma tête. Je n’eus que le temps de me lever que la première d’entre elles volait dans ma direction. Encore éreinté mais voulant tout de même rester en vie, je courus aussi vite que possible dans la direction opposée. Par deux fois, les énormes cailloux faillirent m’atteindre. Ce fut à cet instant que je ressentis vraiment la peur m’assaillir car même en dehors de la mine, ils continuaient à me poursuivre comme si j’avais volé un de leurs enfants.
Un saut à gauche et d’autres, à droite, me permirent d’éviter les projectiles. Heureusement qu’ils n’étaient pas plus rapide que moi. Je fonçais droit devant moi sans oublier de regarder de temps en temps derrière.
Ce ne fut que lorsque le soleil commençait à se coucher que je remarquai qu’il n’y avait plus aucuns monstres qui me suivaient. Je ne saurais vous dire depuis combien de temps je courrais seul, mais une chose était sûre, c’est que j’étais bien content. Non seulement les dabrus n’étaient plus là, mais en plus, j’étais tombé dans un coin où de la végétation poussait comme en cercle. Mon corps entier se mit à frétiller et sans attendre, je commençai à creuser. Creuser, creuser, creuser. Aux plantes que j’arrachais, je suçais leurs racines afin d’en récupérer toute leur eau. Lorsqu’elles n’en avaient plus, je reprenais ma tâche. Mes mains étaient sales, elles étaient douloureuses et elles saignaient à certains endroits mais je n’arrivais pas à m’empêcher de creuser car elle était bientôt là. Et elle fut bien là. L’eau. Même si elle était mélangée à de la terre, elle n’en était pas moins appétissante. Je creusai donc un trou de la taille de mes deux poings et déchirant encore un pan de ma tenue, je m’en servis afin de filtrer un maximum d’impureté tandis que l’eau s’accumulait à l’intérieur. La vie coula de nouveau en mon sein lorsque la première gorgée coula à l’intérieur de mon cou. La deuxième fut tout autant exquise que la troisième. J’avais l’impression que la dernière fois que j’avais bu de l’eau remontait au temps de la Guerre. Même si, certes, je n’étais pas né à cette époque. Ce fut à cet endroit-là, l’adrénaline redescendue, que je décidai de tomber de sommeil.
Le lendemain, mon départ fut retarder car, ayant oublié de prier ma statuette, il fallut que je le fasse deux fois. Lorsque j’entamai de prendre la direction de votre demeure, le soleil commençait à se faire bien présent dans l’atmosphère qui m’entourait. Sans plus tarder après avoir rempli à ras bord ma gourde, j’entrepris le long chemin qui m’attendait. Je m’étais, difficilement mais sûrement, souvenu que la direction de la ville où vous habitez était le nord-est et dans ma malchance, j’y avais trouvé du réconfort car malgré la peur et le fait que j’avais failli mourir il y a peu, la fuite m’avait dirigé dans votre direction. Les jours qui suivirent furent semblables. Lorsque j’avais faim, je mangeais, lorsque j’avais soif, je buvais. C’est lorsque je vis des formes en rien naturelle que j’ai compris que je n’étais pas loin de la ville. C’est d’ailleurs, à ce moment-là que j’ai réalisé ce que je ressentais. Ce sentiment de retrouver la vie après une traversée en solitaire est vraiment des plus agréables. Je n’aurais jamais cru cela. Mais passons. J’ai cherché votre laboratoire, non sans difficultés, et me voilà face à vous. »
Je sors de mon sac la fameuse pierre, et la pose sur le bureau du vieil homme.