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Aléas
Cipher
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Mage orchidoclaste
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Cipher
Ven 12 Juin - 1:27
Aria Nulla
Quiet
N’est-elle pas maussade cette terre? Il y a si peu à voir que je n’en ai pas noté grand chose d’intrigant. Un coin désertique où te faire dorer la pilule avant de mourir dévoré par des créatures, un endroit rocheux avec un peu de verdure - probablement la Réalité s’est-elle dit “Oulalala mettons un peu de vert pour rendre cela plus agréable!” -... Non, je n’ai rien dit. Il a carrément abusé sur la verdure avec ce gros tas de forêt là. Il voulait nous sensibiliser à la consommation bio ou cela se passe comment? Pour finir sur de la neige. Fabuleux! Ou l’on meurt sous le soleil brûlant au Nord, soit nous périssons sous forme de petits glaçons pour aller dans notre cocktail du soir! Il voulait nous tuer, en plus de nous faire un discours verdoyant? Ah! Son sens de l’esthétique est autant à revoir que celui de l’orientation. Cela nous change bien des cieux, n’est-ce pas? Il me semblerait avoir croisé quelques rejets de ces inventeurs magiciens à l’estime surdimensionnée. Maintenant ils se rejettent entre eux? Je me demande quelle est la hauteur exacte entre cette resplendissante île et ce morceau à la dérive? Peut-être devrais-je remonter et y sauter une fois de plus ; cette fois-ci muni d’un mètre ruban! Oui, un énorme mètre ruban. Laisse-moi rêver, veux-tu? Les premiers mortels sont un peu barbants, ne trouves-tu pas? Des plantes munies de paroles ou des animaux aux faciès proches de ceux des Hommes. Ils sont distrayants à voyager ci et là. A adopter ce gros carré émeraude. Finalement il sert, outre que faire un patchwork rapiécé vu du ciel. Nomades, ils errent ci et là, s’adaptent. Peut-être vais-je encore les observer un temps. Et si l’envie m’en prend, j’en ferais de magnifiques feux de bois! Un petit coucou du bas de la terre pour ces imbéciles perchés.
Le Hasard et son carré de terre


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Cipher
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Mage orchidoclaste
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Cipher
Ven 12 Juin - 1:50
Aria I
I take a look
Voilà bien des ères que je n’avais pas rit autant. Que tous n’avaient pas rit ou du moins esquissé un vague sourire derrière une figure stoïque. Enfin une réunion amusante! Comme toujours, rasoire dès le début - une demande de la Guerre pour je ne sais plus quel sujet important ; comme si cela m’importait -. Nous étions là, autour de cette table qui connaîtrait forcément la même fin qu’à l’usuelle ; encastrée ou brisée parce que la grande guerrière est une artiste incomprise. Je me demande si elle s’inspire des sculptures de Sézar ; cet homme connu pour compresser tout et n’importe quoi. La Guerre aurait une âme artistique outre qu’une sirène pour voix? Toujours est-il que ce début barbant ne faisait pas uniquement de moi un cadavre dans les bras de la Mort ; décédé d’un ennui bien trop mortel.

La Foi semblait rudement s’enquiquiner, jouant avec son chapeau avant de temps en temps piquer un somme sur l’épaule de la Faucheuse. A quand le mariage, vraiment? Même la Réalité semblait déconnectée. En même temps, ne l’est-il pas toujours? Je ne sais pas ce qu’il consomme, fume, se met dans le dargeot ; cela doit être sacrément efficace! Et nous, nous étions là, à lentement glisser de notre chaise, j’en aurais pu polir dix ainsi tellement mon derrière y mettait du sien pour fuir cette place. Ce discours était interminable. Et cette voix me vrillait les oreilles. Grande cheffe dans l’âme soutenue par la fraîchement élue pisse-froid, j’ai nommé la Justice! Venez donc prendre votre récompense ma Dame et par pitié, partez loin d’ici! Ah… Si seulement. Le temps s’éternise. Je sens comme un trou se former dans mon assise à force de me redresser contre le gré de mon popotin déterminé à me faire disparaître comme un assassin sous la table.

Le Monde abordait toujours le même visage, à l’écoute et quelque part en train de courir après des éléphants roses dans un coin de son esprit. La Mort feignait la parfaite écoute si l’on ne prêtait point attention aux petits gestes attentionnés envers la Croyance qui avait définitivement sombré dans le sommeil. Chapeau sur le faciès ; abonnée aux absents. Nous, nous étions condamnés à écouter l’échange passionnant entre mademoiselle pisse-froid, bob la bricoleuse et la Réalité qui gardait son calme à tout épreuve. Comment faisait-il? Pour ne pas vouloir se passer la corde au cou? Mes fesses avaient gagné. Combien de poussières avait égrené le sablier des Temps? Je me sentais bloqué dans une boucle infernale, Guerre et Justice parlant encore et encore et encore et encore.

Si mon menton ne me soutenait point, je serais déjà allongé par terre. Navire à la dérive dans une mer de tuiles. Je n’avais plus qu’à sortir mon petit drapeau blanc et m’écrier au naufrage. Cependant, force de tapoter des talons, me venait à l’esprit une chanson fort sympathique. Certain que la Foi la connaissait, je puisais dans mes dernières forces pour me redresser et entonner doucement. Mine innocente, prunelles aux cieux, ne prêtez guère attention à ma personne.

「♫ Whenever life gets you down,
Keeps you wearing a frown
And the gravy train has left you behind.
And when you're all out of hope;
Down at the end of your rope
And nobody's there to throw you a line. ♫」


Comme attendu, la Croyance sortait de sa torpeur, jouant de son chapeau et sceptre en rime pour me donner suite. Et on nous demande encore pourquoi nous l’apprécions tant?

「♪ If you ever get so low that you don't know which way to go,
Come on and take a walk in my shoes.
Never worry 'bout a thing, got the world on a string
Cause I've got the cure for all of my blues. ♪」


Quel soulagement, un peu d’ambiance! Un peu de vie dans ce cimetière d’arias inutiles. Joignant nos deux voix à plein poumons, nous y mettions tout notre coeur, nous fichant bien de la mâchoire de la Justice qui se décrochait peu à peu. Nous moquant bien de la Guerre qui lentement prenait prise dans la table. La Réalité elle, tendait l’oreille… Et dodelinait de la tête? Rêvais-je?

「♫ ♪ I take a look at my enormous penis, and my troubles start-a meltin' away!
Ba-um-ba!
I take a look at my enormous penis, and my happy times are comin' to stay!
I got a sing and-a dance when I glance in my pants!

I am-a feelin' like a sun-shiney day!
I take a look at me enormous pe-he-he-nis!
And-a everything is goin' my way.
Ba-um-ba! ♪ ♫」


Il ne fallut guère longtemps pour que même la fossoyeuse y mette du sien. Suivi… Du Monde. Le Monde chantonnait. Et ce fût là la chose de trop. Tandis que la Guerre, furibonde retournait la table en notre direction dans une subite envie de crêpe à nos personnes, la Justice fulminait de plus belle. Quelque chose comme cela ; mon esprit était trop adonné à cette ode à nos énormes engins.

“GNIAGNIAGNIA C’EST UNE RÉUNION ICI! GNIAGNIA AUCUNEMENT UNE PLACE POUR CE GENRE D’ANERIES!
“NE ME DIT PAS QUE TU T’Y METS AUSSI, HERENTIR?! ponctuez ici avec n’importe quel son que ferait un caniche grognon”.


La Guerre y mettait du sien dès lors et là lui, le blasé dans le plus grand calme rétorquait une phrase qui m’arracha un si vif fou rire que je failli bien en chuter à terre.

「C’est entraînant. Et j’ai une oreille musicale.」

Tu les revois leurs figures? Cramoisies alors que la Guerre perdant la main, nous bombardait de chaises nous hurlant de déguerpir. Quelle riotte! La Foi avait un sourire énorme, la Mort essayait tant bien que mal de respirer et nous, nous esquivions par chance - toujours - les ogives mortelles de la Reine guerrière.

「♫ And-a everything is goin' my way! ♫」

Ne nous sommes-nous pas fendu la poire? Si chaque réunion pouvait être comme telle. Peut-être devrais-je préparer un répertoire pour les prochaines, qu’en penses-tu mon cher?

Le Hasard et son énorme planète


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Cipher
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Mage orchidoclaste
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Cipher
Sam 13 Juin - 19:57
Aria II
Never been for sale
Les mortels ne sont-ils pas stupides? A prier chaque ère qu’un miracle ou qu’un peu de bonheur arrivent dans leurs vies. Des millénaires d’autels construits à mon nom ; des milliers de prières que j’en ai perdu il y a longtemps le compte. Arias futiles me quémandant or, richesse, statut, bonne fortune dans leurs entreprises. Voeux futiles d’une vengeance contre ceux qui leur ont pris ce qu’ils aimaient ; contre ce responsable qui ne voit qu’en eux des gueux, contre ce mari qui s’envoit en l’air dans le dos de sa propre épouse… La diversité ne manque point, n’est-ce pas mon cher? Regarde-les chanter, choeurs scandant mon prénom, entonnant mes bonnes grâces pour que je daigne leur apporter ce qu’ils désirent. Néanmoins ne dit-on pas que nous sommes ceux qui créons notre bonheur comme malheur?

Créateurs nous le sommes tous, à eux, fourmis de tracer leurs voies. Insectes préférant se cloîtrer dans un culte dont je n’ai que faire, pensant que je les récompenserais tôt ou tard. Que je me tartine de leurs doux mots et vais un beau matin me lever, apparaître sous leurs yeux ébahis tout mielleux, un muffin en main “bon chien, tu as prié pour moi voici ta récompense!”. Pour qui me prennent-ils? Cependant je dois leur reconnaître une chose : leur idiotie font d’eux d’excellentes distractions. Et devinez quoi? J’étais d’humeur affable en cette soirée. Il fallait dire que l’astre couchant me donnait toujours de singuliers élans poétiques. Ainsi décidais-je de mander l’aide de la Foi et la Mort afin d’avoir un chiffre hasardeux - quelle ironie mon cher - et une ville dans la plus grande des incertitudes. Voyez-vous, j’ai bien trop de fidèles qui me jettent des louanges au nez pour que je ne les retiennent. Une ville, un chiffre et c’est comme ce jeu étrange d’un autre monde, le loto, crois-je? Combinaison gagnante et vous voici les fesses bordées de nouilles. C’est quelque peu la même ici.

Et notre cher gagnant de la soirée était un brave homme habitant dans un petit village perdu au pied d’une montagne - qu’est-ce qu’il fait ici, grand mystère -. Un homme courageux, travaillant cette terre glacée chaque jour pour nourrir sa famille. Paysan possédant une minuscule parcelle bien trop taxée par les hauts pensants pour que son maigre revenu suive. Tu voyais la suite toi, aussi, n’est-ce pas? Tu entendais ses mots à des rondes de là “Aidez ma famille, apportez-moi fortune pour que plus jamais ils ne manquent de rien, sortez-moi de cette misère” et nous en passions. Entre les lignes tu y lisais autre chose “Vengez-nous de ces sales riches qui bafouent nos terres et prennent tout notre argent”. Toujours les mêmes histoires. Toujours le même point. L’Homme se classifie, écrase son prochain pour élever cette estime inexistante qu’il a de lui-même. Pathétique et si amusant. Nous allons passer une agréable soirée, mon cher!

C’était une bien modeste demeure, suffisamment grande pour que je puisse y traîner ma carcasse. Je n’ai jamais été un grand amoureux de cette enveloppe mortelle quand je peux être une simple goule couronnée d’or. Je reste ce que je suis ; quelque chose qui vous ronge toute votre vie, prend des parts de vous-même et autrui et enfin danse sur vos os de ces sacrifices bien trop amples pour vos personnes. Lui, il était encore là, lumière basse, foyer endormi, mains éreintées de trop prier. Mains éreintées de travailler sans relâche pour ne vivre qu’une boucle constante où il n’était que spectateur. Tu voyais à ce faciès tiré qu’il était au bout de la ligne, le grand gaillard. Et que dans peu de temps notre chère Faucheuse devra s’occuper de lui.

Alors rions, veux-tu? Valsons avec cette âme désuète avant qu’elle ne passe! Étreinte glaciale enserrant son épaule, doigts décharnés venant faire acte de ma présence. Sursaut, manquant de renverser les bougies et de périr par le feu avant même que je ne puisse lui accorder sa chance. Etait-il effrayé? Carpe coite qui se plaquait à l’autel, le coeur prêt à bondir hors de ses lèvres. Pourtant ces misérables m’avaient toujours dépeint avec ce visage, Faucheuse de soie et d’or qui n’en est rien. Précieux et dague pour attributs. Alors pourquoi êtes-vous encore surpris?

「M’avez-vous demandé, mortel?」

J’y allais d’une tonalité que je qualifierais de neutre, dépassant bien le pauvre de quelques têtes - ne pouvait-il pas faire des plafonds plus hauts, non? -, mon index pointant l’autel qui m’était destiné. J’en aurais pu être ravi, s’il y avait quelques corps dessus. Je ne cesse de le répéter, pourtant! Sacrifiez quelque chose de taille et j’aviserais. Les mortels sont si frileux. Le moindre risque les ralentit. Pose en leur esprit une crise existentielle ; question de bien ou de mal. Le vioc quant à lui balbutiait, tentait d’articuler quelques phrases m’expliquant une situation que je savais déjà. Allez feindre la sympathie quand vous n’êtes qu’un crâne, c’est d’un drôle!

「Et que m’offrez-vous, si je vous accorde vos souhaits? Qu’êtes-vous prêt à sacrifier pour ce nuage de bonheur?」

La Question qui tue. Littéralement. Pas un mortel ne m’a pas abordé cette mine interloquée, espérant qu’une fois mon divin dargeot dans la pièce j’allais me renommer Clochette, sortir une baguette et leur donner ce qu’ils désiraient. Que des prières, un autel - sans le moindre corps ; quelle hérésie - allaient me plaire. Satisfaire ce temps que je jette à la figure du Monde.

「Vous avez parfaitement compris, mortel. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Que comptez-vous donner à ce malheur pour atteindre votre idéal?」

Regarde-le. Regarde-le réfléchir frénétiquement, scruter autour de lui pour trouver une réponse. Regarde-le, les pupilles écarquillées à se dire qu’il a raté le coche, que jamais il nous donnera l’équivalent de ce que nous lui accorderons. Oh, tu es tant dans l’erreur mortel. Ta simple vie est tout ce qu’il me faut.

「T-Tout! Prenez tout! Mais je vous prie, assurez-nous de quoi vivre heureusement nos jours prochains! Par pitié! C-C’est là tout ce que je possède!」

Entends-tu ces doux violons de lamentations? Entends-tu ces magnifiques mélodies qui bénissent mon oreille? Entends-tu ce désespoir, vois-tu toute la servitude d’un homme face à ses besoins et soucis? N’est-ce pas exquis? Un sourire sordide venait étirer ma mâchoire, craquant mes doigts en un claquement sonore pour retourner me voiler dans mon ombre, unique rictus et couronne visible.

「Il en sera ainsi, mortel. Demain sera un autre jour pour vous et votre famille. La richesse sera vôtre, l’abondance coulera entre vos mains. Cependant n’oubliez guère, l’argent ne fait point tout. Pas même le bonheur.」

Un léger rire m’échappait ; m’éclipsant sur ces paroles qui lui traverseront à peine l’esprit. Que trop ravi de ma réponse à ses moults prières. Le bonheur, le malheur sont là chose éphémères. Il en va de même pour les désirs et envies. Soyez heureux un temps et vous vous lasserez. Jeterez tout ce que vous avez obtenu pour un peu de malheur car celui-ci vous rend vivant. Vous octroie un but. Soyez malheureux et abandonnez tous vos soucis pour une vie insouciante. Et retrouvez-vous le nez dans l’eau, à chercher le moindre problème dans cette vie qui ne va que trop bien pour vous. Et cet homme dis-moi, de quelle trempe est-il?
Le Hasard et ses coups de pouce


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Mage orchidoclaste
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Sam 13 Juin - 20:06
Aria II. II
Une histoire tragique, vraiment. Un gentilhomme affreusement assassiné, une boucherie disent-ils! La tête de ce malheureux est introuvable. Comme si le meurtrier l’avait gardée en guise de souvenir. Mais dis-moi qu’a pu bien commettre ce noble pour subir une telle ignominie? Toute la garde du Royaume s’était dispersée aux quatre coins sommant aux habitants de rester cloîtrés chez eux ; un terrible assassin rôde. Ouh, cela ferait presque comme dans ce monde parallèle où des abrutis s’enferment chez eux à cause d’un virus. Sauf qu’à l’instar, le meurtrier une solution existe. Dans l’autre cas, je n’ai pas encore entendu parler de remède contre la bêtise de l’Homme. Mais passons, passons!

Oublions cette sordide histoire pour revenir à notre brave travailleur de terre. Regarde-le, ce sourire béat aux lèvres, les perles du bonheur gouttant des yeux. Regarde-le, partager la bonne nouvelle à sa femme et sa fille. Regarde-les, passer leurs jours heureux à se permettre tout ce qu’ils n’ont jamais pu. Tout était bien qui finissait bien, n’est-ce pas?

Nommez-moi Jebus aussi, pendant que nous y sommes!

La nouvelle fut bien vite le tour du Royaume, qu’un pauvre gueux soit soudainement si riche sans aucune raison valable. Certains pensaient bien à mon oeuvre mais vois-tu, beaucoup de ces mortels sont sceptiques. Remettent constamment notre existence en question tout en continuant de s’y appuyer. Alors qu’une famille de paysans qui peinait à joindre les bouts soit subitement sortie de toute affaire, les Gardes en eurent bien vite vent. Fait tout à fait extraordinaire, l’énorme somme que ce brave homme avait obtenue correspondait en tout point à celle qui avait mystérieusement décanillé avec la tête du sang bleu.

Ah, je me sens comme Poirot quand il est sur le point de dévoiler le pot aux roses! La demeure fut retournée pour une éventuelle recherche de preuves quand bien même la fortune colossale était amplement suffisante pour condamner le malheureux et sa famille. Il était si amusant de la voir là, à courir ci et là, suppliant les gardes de ne pas abîmer plus ses biens qu’ils ne l’étaient déjà. Si délicieux de voir ce faciès grimé par l’incompréhension et la peur. Traversé par ces mêmes larmes qui plutôt scellaient une joie qu’il penserait éternelle. Puis le désespoir. Famille arrachée à ses mains ; ces mêmes mains avec lesquelles il priait sans cesse leur bien-être. Ces mêmes mains qui couvertes de perles amarantes resserraient le noeud autour de leurs cous.

Quel destin calamiteux. Anathèmes à mon encontre, âme brisée me réclamant pourquoi. Pourquoi lui faisais-je subir de pareilles horreurs. Pourquoi condamnais-je toute sa famille et lui-même pour un meurtre qu’il n’avait point commis? Entends-tu donc ce fou, mon cher? Ce serait donc nous le vil être qui aurait trucidé cet homme! Ce serait donc nous l’abominable personne qui aurait prononcé les sentences à l’encontre de sa famille et de lui-même! Mais ma pauvre chèvre galeuse, je ne suis point la famille de ce sang bleu! Ce n’est guère moi qui ai choisi que ta femme finisse enterrée vivante.

Guère moi qui ai décidé que ta petite serait au pilori pour des heures avant de devenir leur larbine. Ni que toi : oooh toi, tu as obtenu le gros lot! La très très fâcheuse peine de l'écartèlement. Oui, ils n’étaient pas très jojos à cette époque, je vous l’accorde. Et alors il était là, tremblant comme une feuille, le corps pris de spasmes si bien que je me demandais si je ne me trompais point de geôle. Les cheveux blancs, les traits collés aux os, l’anxiété avait eu raison de lui avant ma personne! Ah! Force de beugler, je lui concédais ma présence ; spectre nocturnal au sourire sardonique, nos deux silhouettes séparées par des barreaux métalliques. Je ne lui laissais guère la parole n’ayant que trop entendu ses jérémiades des jours et heures auparavant. Ce jouet me lassais et je ne me réjouissais que de le voir démembré sous peu.

「Pourquoi? Pourquoi me faites-vous une telle chose et j’en passe, n’est-ce pas? Eh bien mortel, n’est-ce pas là ce que vous m’aviez demandé? Vous vouliez fortune, des jours heureux pour vous et votre famille. Cependant, jamais ne m’avez-vous précisé le temps et à quel prix. Vous rappelez-vous?」

Décalant mon bras ombrageux, tombait un lourd paquet au sol ; viande écrasée dans un bruit vaseux. Traînées ors et sanguines imprégnant les dalles humides. Et lui, lui, s’épouvantait, se tassait au fond de son trou à rats face à cette tête sans vie. Chrysocale rivière dessinant sa gorge et ses yeux. La figure encore rigide d’une expression d’effroi. La pièce manquante de ce besogneux chambellan. La clé de l’énigme.

「Le malheur des uns fait le bonheur des autres. De votre bonheur en a découlé son trépas. Vous avez pu goûter un temps les fruits d’une telle vie mais à présent… Votre malheur fera leur bonheur, à la famille de ce guignard.」

Et le voilà qui pleurait comme un nourrisson, horrifié par ce que de simples mots avaient pu commettre. Horrifié de sentir ses épaules se sertir de ce poids mort - pour de vrai? - ; de cette conscience que tout ce qui lui arrive n’est que le juste retour des choses. Oh, dites-moi cruel, vil, odieux gourdiflot, j’embrasse avec la plus grande joie ces tendres mots. Je revenais à lui, poussant du pied la tête en sa direction.

「Ne m’avez-vous guère dit de tout prendre? Je ne fais que suivre notre accord. Et ainsi prends-je votre vie.」

Sourire carnassier se dessinant dans les ténèbres de son esprit ; spirale infernale où sa psyché sombrait sous mon rire hystérique, saluant une dernière fois cette pauvre âme que la Fossoyeuse récupérerait en kit. Voilà qui devrait plaire à la Guerre, elle qui aime tant les meubles! Retenez donc bien ceci, mortels. Même le plus insignifiants des bonheurs sera le plus terrible des malheurs pour un autre. Même le plus léger de vos mots sera votre plus âpre condamnation.
Le Hasard et ses coups bas


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Cipher
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Mage orchidoclaste
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Mar 16 Juin - 15:40
Aria III
Even Death has a heart
La Mort a vraiment de drôle de réactions. Pas plus tard qu’en cette merveilleuse matinée, je me sentais d’humeur généreuse. J’avais fauché quelques mortels en passant dans le coin ; des morts ubuesques - et des visages interloqués devant tant de malchance -. L’ennui ne me réussit guère, cela me donne des envies que je nommerais joueuses. Et quelle chance - hahahaha oui -, les voilà présents sur les dalles pavées que je frôlais des pieds. Allez savoir pourquoi, je ne le sais point moi-même. Mais tous morts, ils sont bien plus distrayants ces mortels! Faciès éberlués, se questionnant sur quel terrible sort pouvait bien les frapper. Oh, un simple manque de veine. Cette veine là, elle marchait étrangement bien dans mon cas.

Vous vous rendez compte? N’est-ce pas là magique?! Presque mystique? Ah, mes petits galets de carne ramassés en faisant gober par un coup du sort que j’étais le nouveau crétin qui ramassait les corps, je m’en allais voir la Grande-Dame. J’étais persuadé qu’elle allait adorer mon présent. Ne suis-je pas serviable, de lui apporter son travail directement entre les mains? Alors pourquoi faisait-elle une moue pareille? Grande perche rousse, les pupilles écarquillées. Elle se prenait pour Ariel? Ou était-ce là une nouvelle façon de se comporter comme les esprits qu’elle ne côtoie que trop? Le temps qu’elle finisse de sortir de son état cloîtré, j’en avais profité à faire danser les cacochymes que je me traînais. Regarde-les valser! Ne sont-ils pas adorables? Ne sont-ils pas gracieux, le coeur au bord des lèvres et le regard vitreux? Regarde comme ils sont ravis quand je leur dessine un sourire sur le visage!

Ah, ce que j’adore les morts. Nous pouvons y faire tout ce que l’on désire avec. Même prendre son pied. Après tout cela reste de la chair ; morte ou non, non? Dans mon euphorie, l’un des cadavres se retrouvait muni de parole par mes talents cachés de ventriloque, marionnette rigide qui saluait la faucheuse. Et la voici qui devenait livide. N’avait-elle jamais vu de morts?! Que dis-je! C’est la Mort! La Mort elle-même, ce ne sont pas quelques cadavres dansants qui vont la chiffonner! Et pourtant, tu étais là à me murmurer les paroles de la grande-dame ; je n’y avais guère prêté attention - absorbé par ma morbide chorégraphie ; nommez-moi Jaqueson, un célèbre chanteur -.

Quelques phrases bégayées “J'y crois pas…”; “Maiiiiis noooooooon CIIIIIPH merde!” et un vague “S'il te plaît arrête, je ne veux pas de ça ici…” d’une voix tremblante. Tonalité étouffée, avais-je coupé la langue de la Dame en noir? Pourquoi paniquait-il? J’essayais bien de le faire rire avec mon nouveau pantin mais… Il me lassait, si bien que je le renvoyais dans le fond avec le reste. Peut-être que cela me fera un garde-manger pour un certain temps. Après avoir récupéré yeux et mains. Saviez-vous qu’ils sont symboles de chance et karma? Il est bien plus précieux et resplendissant de chair! Les yeux sont la plus belle porte vers l’âme qui puisse y avoir et j’apprécie me perdre dans leurs regards. Même morts ils me content des aventures. Prendre leurs mains froides pour une dernière danse sous une lune drapée de nébuleuses. Leur chance est d’être avec moi, pour toujours.

Parlant d’éternité, nous avions pu observer la grande-sorgue faire frénétiquement le tour des corps ; les examinant sous tous les angles. Mort, ne sais-tu donc point qu’on ne joue guère avec la nourriture - je n’ai pas dansé avec, c’est faux -? Et étaient apparus ces petits tas lumineux, pauvres âmes translucides encore tremblantes d’une mort aussi stupide qu’abrupte. Ne sont-ils pas à croquer?! Je m’en étais écrié aussitôt à la Faucheuse, quémandant si je pouvais de nouveau tuer ce qui n’est point tangible. Leurs faciès rongés par l’incompréhension et une terreur tue me rendaient ah… Fébrile. De l’art. Le corps est une pièce d’art ; qu’importe ses formes. Commençait un singulier sermon de la tête rubis, vraisemblablement elle n’avait que faire des cadavres et n’en voulait même pas! Ai-je donc traîné ces déchets pour rien? Ah, tristesse! Déception! Tant pis, un repas de plus de moins, ils feront de très jolies sculptures. Néanmoins curieux de savoir si les morts pouvaient trépasser une seconde fois, j’en étais venu à mander la Foi, qui comme toujours arrivait avec son éternel nuage de paillettes.

Je veux le même, bon sang. Et accourait consoler sa petite sirène ; regardez-moi ce mignon petit couple. Tu n’avais pas pu t’en empêcher plus longtemps, que de prendre mes lèvres pour hurler l’affreuse question que tous se posaient : “A quand le mariage?!”. Si la Mort devenait un spectre plus livide qu’elle ne l’était déjà, la Croyance elle, réfléchissait, saisissait ma perche et m’amusait. Je l’aime bien ce clown vicelard! Même lui riait des excuses toutes trouvées de la fossoyeuse ; évoluant de Casper à un champ de tomates écrasées. Je ne sais guère si je devrais avoir pitié ou en rire ; quand un tel lien crève les yeux, même pour le cinglé que je suis. Enfin, je laissais les tourtereaux entre eux, reprenait en main ma macabre suite et allais m’affairer à en extirper yeux et mains. Ah… Encore une excellente soirée en vue!
Le Hasard et sa suite macabre


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Jeu 18 Juin - 17:34
Aria IV
What’s going on?
Encore une réunion rasante. Une de plus, de moins, me diras-tu, ne suis-je point habitué? Bien sûr cependant, je suis las des beuglantes de la Guerre au moindre petit souci. A se déclarer Déesse des Dieux quand elle ne l’est guère. Faudrait-il que la Réalité fasse son travail pour cela. Ne sont-ils pas tous usants? A hurler à chaque petit problème qui occure dans leurs vies et celles de leurs frères et soeurs? A quoi bon réunir ; faire cette stupide assemblée si ce n’est que pour briser une table de plus? Justice et Guerre parlent un peu trop, à mon goût. Ne trouves-tu pas? Qui plus est pour ne rien dire de nouveau si ce n’est qu’un discours émouvant sur l’aide aux mortels ; ou sur le nombre de fidèles qui leur polissent le derrière. Ne va pas imaginer là que ce serait une jalousie passagère. Non. J’ai mes fidèles ; parfaites cibles à épingler quand je suis d’humeur.

Je me fiche bien de tout ceci. Des maux de ces pauvres mortels comme la lame qui leur gratte la main à ces bonnes femmes. Elles sont pompeuses, bardées de leurs idéaux pour leur peuple. Et l’autre sotte à la balance à justifier toutes les actions insensées des mortels. Regarde-les. Et on appelle cela des Primordiaux. Ce que nous sommes. Quel blâme. Au moins la Mort et la Croyance ont un peu animé le bocard. Mort silencieuse qui ne sort que de temps en temps de ses gonds pour une joute verbale avec l’ambassadrice du Royaume Dyquéha. Tandis que la Foi me supporte dans mes petites piques et réponses. Ah, tu le sais, n’est-ce pas? Le vent tourne et il semblerait que la moitié de la tablée nous désire hors de leur petit monde hypocrite. Qu’espèrent-ils changer? Même le blasé de service sait. Si lui le sait, à quoi bon se fatiguer? Leurs oreilles ne sont-elles pas comme leurs popotins, lavées obligatoirement? Ces badauderies m’éreintent.

“Tu ne peux faire pareille chose, Cipher!”
“A quoi joues-tu?! Désires-tu empirer plus la situation que cela ne l’est à présent?”
“Ne fais pas cela!”


Tu les entendrais… Ah oui. Tu peux. Oh? J’ai même pris sa voix nasillarde et mielleuse à la gueuse justicière? Je m’y suis trop fait, il faut croire. Oui, quitte à faire j’accompagne le discours avec ses mains ballantes qui s’agitent ci et là pour ponctuer à quel point je suis un mauvaiiiiiis Primordial.

“Tu es censé leur apporter le bonheur!”

Hahahaha.
Non.

Qui a dit cela, toi, Justice car tu considères que tout doit être équitable en ce monde? Mais ce monde n’a rien de juste! Encore moins d’équilibré! Et ces mollusques ne méritent guère que je m’attarde sur leurs pathétiques vies. Si je dois finir banni pour ne guère respecter je ne sais quelle règle qui sort des tréfonds de mon dargeot, soit! A ce jour je n’ai pas aperçu de mignonnes petites affiches disposant que nous ô grands primordiaux devions vouer nos vies aux mortels. Si Guerre ; quoique elle ce qui lui plaît c’est son petit statut ; et Justice veulent, qu’elles le fassent. Je n’irais pas abandonner ma passionnante randonnée de cadavres sur un moelleux lit de prières pour elles.
Le Hasard et HEYYEYAAEYAAAEYAEYAA


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Mage orchidoclaste
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Dim 21 Juin - 18:36
Aria V
Apostate
C’était la chose de trop pour la Faucheuse vas-tu me dire? Depuis combien d’ères ne l’avais-tu pas vu d’une pareille humeur? Ectoplasme fielleux qui force de tourner en rond sur ses propres traces, hurlait tout un lot d'ignominies dont tu n’avais pas noté la moitié. Ni moi. Il est toujours amusant de voir l’une des Doyennes élever la voix et tourner le dos, Reine majestueuse et fort vexée qu’on ne l’écoute point. Ah, la Grande-Dame elle avait un peu les nerfs chiffonnés des nouvelles propositions de la Guerre. Encore. Encore. Toujours et encore. Comme si celle de te bannir n’était pas la plus grosse mascarade du siècle, à présent la Croyance se voyait avec les mêmes menaces aux talons. Que cherchent-elles à faire? Que ce soit Justice ou Guerre ; chacune ne peut s’empêcher de beugler comme des chèvres pour se faire entendre. Réalité quand feras-tu ton travail? Quand remettras-tu ces langues pendues à leurs places? Ou devrais-je le faire, quitte à jouer la carte du “vilain primordial meuchant ouin ouin il est pas zentil avec les mortels buhuhuhu”.

Elles t’agacent, hein? Moi aussi, à vrai dire. Leur arracher la langue serait déjà un bon début. Ah. Non. Tu as raison, les cordes vocales seront d’une grande aide. Dans ta bonne humeur du jour, tu t’étais risqué à aller échanger avec la fossoyeuse. Comprendre le coeur du problème. Qu’est-ce qui avait pu faire qu’une tombe comme elle se voit soudainement affublée d’une lame pour langue, à trancher sec tout argument venant en sa direction? Tu avais ton idée, toi. L’avais-je aussi, tout ce qui est tien est mien. Probablement te disais-tu que les manières dominantes de la Reine Dyquéha avaient dû courir sur le haricot de la Mort. Et là tu te dis, mais pourquoi ne passe-t-elle pas à l’acte? Pourquoi ne passent-ils pas à l’acte, eux qui peuvent d’un claquement de doigts faucher les immortels de cette banale vie. Même la Foi y met plus de coeur! Mais la Foi se veut vicieuse à ton image, tuer ne l’intéresse pas immédiatement quand toi est là ton plus grand péché. Tu ne peux le nier, que tu adores te faire un carnet où tu notes chaque mort stupide que tu as désignée à un mortel. Il paraîtrait que dans un continent lointain les morts les plus idiotes seraient récompensées par ce qu’ils nommeraient un Darwin. Imagines-tu, nous pourrions y concourir si aisément!

Ou alors prépares-tu cela en douce sans m’en avoir touché mot? Sans mes dons, ne l’oublie guère  ; tu n’es pas gagnant pour une mort naturelle et improbable. Soupire autant que tu le souhaites, cela ne changera point les choses. Tu as déjà réussi à apaiser la Faucheuse, ce qui n’est pas si mauvais quand on voyait le cas. Les émotions, ce n’est pas notre forte. Et encore moins quand la Grande Dame en personne passe des larmes aux flammes du dragon fustigeant le monde. Ne la trouves-tu pas un peu trop proche de la Foi? Tu y penses aussi, non? Quel adorable couple ils feraient! Enfin, si la Croyance se munissait d’échasses et que la Faucheuse se brisait les rotules. Les jours à venir promettent d’être fort distrayants.
Le Hasard et son entretien avec la Faucheuse


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Cipher
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Mer 24 Juin - 22:15
Aria VI
Rebirth
Quelle folle journée l’ami! Libérés, délivrés et ah… Retrouvés par une mortelle. Ma première question plus que tout était de savoir MAIS QUE FOUTAIT-ELLE LA CELLE-LA A ME REGARDER ME DÉCOMPOSER? La seconde était Comment vit-elle encore? Nous les avions vues ces pauvres âmes ; silhouettes difformes et mutées. Agonies vivantes qui ne suppliaient que la fin de leur existence. Venant pour nous, pensant que le cacochyme fondu que nous étions était un repas de plus pour eux. C’en fût l’inverse. Je ne vais pas vous le cacher, question goût amer et qui reste bien en arrière-bouche, ces bestioles ont le record! Même avec de l’acide je doute réussir à déloger le goût avant quelques semaines. Mais ah, c’était eux ou nous. Nous venions à peine de sortir de millénaires de supplice, ange atrophié et cauchemardesque, carne fusionnant avec toute surface qu’elle touchait. Peau se détachant et chutant au moindre geste. Et puis elle est arrivée, celle-là. Cette rousse, qui visiblement surprise de voir je ne sais quel endroit où mon dargeot carbonisé se trouvait repeint façon Klein avec de splendides monochromes rougeâtres et gris putrides. Si l’envie de lui arracher la tête fût notre première pensée, que dire de cette dernière qui complètement paniquée, venait nous ramasser pour nous traîner on ne sait où une fois de plus.

Une mortelle. Voulant nous soigner. Nous? NOUS? Par une Mortelle?! La bonne blague, nous en avions crevé tellement de rire sur le chemin que nous avions dû y laisser quelques intestins ci et là - oui nous sommes les ancêtres du petit poucet, t’as un souci avec ça? Tu veux te batter c’est ça???-. Et venait le temps des Ceris- non. Des questions. Comment vivions-nous? Que faisions-nous là? Qu’étions-nous? Nous t’en posions autant de questions ma brave? Tout naturellement, nous vivons car nous sommes des Dieux. Rire de sa part. Cette mortelle butée refusait et refuse toujours de nous croire sur ce point. Sorcière qui pourtant a connu son peuple pour nous prier et avoir gagné de nous de nombreux savoirs par notre grâce. Les mortels et leur idiotie. Elle avait crevé les plafonds jusqu’aux cieux, ah! Peu importe l’explication que nous lui donnions, nous étions pour elle une de ces plantes-animaux ambulants bon à être brûlés en feu de bois ou en plancha ; oiseau jesaispasquoi complètement amnésique et stupide.

Ce monde. Il nous disait rien. Étions-nous encore sur ce continent nommé Aeredale? C’était quoi cette chierie monumentale? Que s'était-il passé durant ces millénaires de tourment? A sa place de me répondre. Passais-je une fois de plus pour un grand et pauvre malheureux ayant perdu la mémoire suite à son état lamentable. Ah, si je te dévorais mortelle, je serais bien vite remis sur pieds. Tu m’es utile en cet instant de perdition. J’ai besoin de repères. Et tu seras ma boussole, aussi insupportable sois-tu. J’avais pu reconnaître quelques endroits lointains, Ruines à présent. Reliques appartenant au passé. Qu’était-il arrivé par tous les Saints? Ce gros tas vert n’avait pas changé d’un iota, simplement rongé par l’endroit d’où nous sortions, Altass. Altass… Ce Royaume qui m’avait offert tant de divertissements, repas et temples que la liste ferait dix fois le tour de l’univers. Une terre désolée. Nocive, débris de tout un peuple.

Renommée Nilvedell, ces abrutis volants et aux egos surdimensionnés avaient bâti un nouveau Royaume sur les restes de ce que j’avais connu. Le morceau désertique lui était passé de la misogynie à la misandrie ; et pourquoi pas? L’iceberg belliqueux avait eu sa fessée et était divisé entre s’en vanter ou s’écraser. Et ce machin de verdure lui, prenait toujours autant de place. Je sentais comme une déception. Des millénaires de perdus pour un retour aussi médiocre sans grandes avancées. Il me faudra changer cela. Mais avant, j’ai une tête à récupérer, une main et un oeil unique que je désire plus que tout dans ma collection. Son petit coussin de velours rouge l’attend depuis tant d’ères! Ô Justice, ma chère Justice, prépare ton trépas. Je serais sans pitié. Ainsi avais-je finis dans une clinique tenue par cette fameuse sorcière qui ne cessait de me coller aux talons pour vérifier que tout allait bien. Refusant de m’octroyer les droits qui m’étaient dus ; autrement dire, faire ce que je veux puisque je suis un Dieu. Non, non je suis un mortel un peu sonné avec tout cela! Allez, au dodo! Un thermomètre dans le dargeot, ta tisane et pouf tu la fermes!

Je ne me suis guère faire prier pour faire de sa nuit un enfer. Avec autant de patients à qui il arrivait si soudainement tant de déveine, j’avais un sourire jusqu’aux oreilles de la savoir épuisée au petit matin. J’avais parfaitement dormi pour ma part, madame l’infirmière têtue. Avec un festin pareil, nous pouvions rouler au sol et fuir cet asile de fou. Et cette folle-dingue à la crinière de feu qui se prend pour ce monsieur un peu trop connu avec son masque de corbeau disant qu’il est la cure. Alors oui… Mais non. Je vais bien, bon sang… Même un bras arraché sous ses yeux et me voici à présent oiseau-axolotl! Mort, avais-tu refilé ta couche de déni à cette abrutie de mortelle? Ou cela se déroulait comment? Devais-je la frapper avec pour qu’elle saisisse et connecte ce qui lui servait de neurones? Me murant dans le silence un temps, j’avais simplement préféré observer, me rendre familier avec ce monde qui m’échappait encore. Ironie pour celui qui l’a vu naître et se peupler. Peut-être devrais-je lui demander si elle connaît les Nawûns. Et le tas de vieux croûtons qui les composent.

Peut-être finirait-elle par avoir un éclair de génie et oh… Une envie soudaine de me balader. Me moquant bien des prescriptions de madame-je-soigne-tout-le-monde-parce-que-c’est-ma-vocation-et-que-je-suis-trop-gentille-aimez-moi. Cela te perdra mortelle, crois-nous. Il n’y a pas plus facile et amusant comme cible que des coeurs comme le tien. Me voici à prendre l’air, profitant des brises fraîches des forêts de Windermeyr. Inchangées en tant d’années. Un vague sourire venait fendre mes lèvres, mon corps s’en était remis plus vite que prévu avec cette vague de malchance qui avait frappé toute la nuit. Je pouvais enfin reprendre une apparence digne de ma personne. Une apparence plus proche de mon statut. Être un ange misérable me va un temps, pas indéfiniment. Je suis une goule après tout. Peut-être devrais-je aller saluer la tête flamboyante ainsi? Quoique vu son niveau de déni tartiné sur son faciès, elle va me qualifier de création d’un nécromant du coin. Ma main glissait sur mon visage. Redevable à cela. Quelle honte. Ma nouvelle vie commençait bien.
Le Hasard et sa sorcière mal-aimée


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Sam 4 Juil - 23:50
Aria VII
These days
Vois-tu ce monde, mon cher? J’ai l’impression d’avoir sombré dans l’Oblivion bien plus longtemps que ce que je ne l’aurais imaginé. Même si entre nous, sombrer ne serait point le terme. A sentir ma carne constamment brûlée et céder sous l’or liquide que cette chère Justice m’a offert. Ah, quel magnifique cadeau! Splendide même! J’en fus tellement ravi que je n’eus rien trouvé de mieux que de me le déverser sur tout le corps! Et d’atterrir là, pendant des millénaires, misérable petit être au fond de cet abîme. Ah… Quel cadeau, vraiment! J’aimerais sincèrement lui retourner de pareilles offrandes. Penses-tu que ce soit possible de fondre un corps pour l’apposer sur cette gourgandine de Guerre? Ne font-elles pas la paire, Justice et Guerre? Un mariage plus vrai que nature et même écrit dans leurs peaux. Elles qui se bardent de précieux et autres bagatelles, quoi de plus approprié?

Tu ne le reconnais plus ce monde, n’est-ce pas? Ah, je me sens moins seul, tout d’un coup! Qu’est-il arrivé à ce continent si pitoyable où nous nous amusions? A entendre les dires des imbéciles nous entourant, Madame-je-brise-des-tables s’est quelque peu lâchée. Je ne sais guère quoi en penser. C’est là follement hilarant, cependant cela aurait pu être plus exquis si j’en avais été la cause. Les colères de la Dame de Fer sont les plus beaux désordres qu’il m'ait été donné d’observer. Une terre carbonisée ; épaisse fumée happant le moindre de nos souffles, sous des cieux prêts à chuter pour effacer toute trace de vie. Même la Guerre a sa poésie. Probablement ne s’en rend-t-elle pas compte, qu’en aurait-elle à faire quand de basiques symboles suffisent à lui démanger le manche? Et pas ce manche là, s’il te plaît. Si?

Ce nouveau monde, il est bien ennuyeux. Seuls quelques conflits semblent persister de ce que j’ai pu apercevoir. Pourquoi ai-je raté l’unique partie de l’histoire de ce continent digne de ce nom? Parce que cette ribaude de Justice nous a coincé, je sais. Nul besoin d’un rappel. Je n’en peux déjà plus de me redessiner ses traits un à un. Je les préfère brouillons, difformes et agonisants. Et loin de ma personne. Ou peut-être pas. Je ne suis guère décidé quant à son sort. Je sais uniquement que nos retrouvailles seront des plus divertissantes. Et sinon, l’ami, que penses-tu de cette nouvelle maison que je nous ai trouvée? Il nous fallait bien un endroit où dormir ; accordons-nous que ce trou était aussi confortable que la demeure d’un Roi. Et je sais à quel point tu aimes autant que moi ces roches qui nous transperçaient de parts et d’autres. Pantin équilibriste que nous étions à déverser nos entrailles. Notre nouvelle demeure n’est pas extraordinaire néanmoins nullement insalubre. Nous avons de quoi nous sustenter, dormir et même nous réchauffer: Sans compter tous ces livres. De plus, as-tu vu la générosité sans pareille de nos anciens propriétaires? Tant d’argent! Qu’en ferais-je, moi, la fortune? Le jeter aux gueux? Les regarder batailler et s’entredéchirer pour? Oh. Je tiens là une excellente piste!

Saviez-vous qu’il fallait une température d’environ 1500°C pour brûler entièrement un corps? Et quand nous disons corps, nous parlons des os. La carne elle, moitié moindre est amplement suffisant. Comment sais-je cela? Vous ne le saviez donc pas? Eh bien moi… Si. J’ai même pu l’expérimenter sous mes yeux grands ébahis à Altass dans un cratère de magma. Voyez-vous, quand vous voulez vous débarrasser d’un corps, il n’y a pas 36 solutions. Et ces propriétaires étaient une problématique à l’obtention de ce bien. J’ai bien pensé à les dévorer une fois morts (je l’ai fait, c’est vrai?! Quelle mauvaise mémoire tu as, Cipher! Vilain Cipher!) mais cela ne résolvait aucunement le problème des os. Ce fût après m’être transformé en petite fée du logis pour rendre notre chez-nous brillant de milles feux que nous nous sommes lancés dans l’incroyable Epos d’aller jeter les restes dans un des nombreux courants magmatiques qui peuplent ces ruines. C’est bien le seul endroit qui m’a plu. Je me suis retrouvé dans le corps d’un petit gruyère, troué de partout avec cette atmosphère corrosive. Si drôle! Vous m’auriez vu, je pouvais vous observer au travers mes bras, littéralement! Des p’tits trous, des p’tits trous ; poinçonneur de Lilas en congé que j’étais. Ma besogne faite entre deux bras qui m’en tombent - dans un bruit lourd et un poil visqueux -, le cacochyme vivant que j'étais devenu avait rebroussé chemin. Pour être là, à écrire des saugrenuités sur ce carnet qui traînait sur le divan. Ah, cette maison n’est que temporaire. Tu l’as reconnu toi aussi, notre temple. Là où cette sorcière un peu trop butée nous a trouvé. Quel sarcasme as-tu, Monde, pour m’y enterrer dessous. Nous y reviendrons sous peu, pour l’instant, jouons une courte journée les mortels.

Je me demande ce que je vais découvrir en passant la porte. Outre un univers emplit de nodocéphales?
Le Hasard et une redécouverte (fort rasoire)


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Dim 12 Juil - 1:16
Aria VIII
Enough of Gods
Tu n’en dors plus.
Tes nuits s’écourtent alors que ces minutes ; chaque image de ces instants restent à jamais ancrées dans ton esprit. Regardes-toi là, les dents entamant ta chair. Regardes-toi là, à écraser ce ressentiment et cette folle envie de l’écarteler pour la voir s’étioler autant que toi. Cette gaupe de Justice. Mais t’as pas envie de t’en plaindre. Ne l’as-tu pas demandé? Ne l’avons-nous pas demandé? Ah... Quelque part si. Et quelque part non. Tu te fichais bien d’être banni ; nous nous en moquions bien. C’était même la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Plus de réunions rasantes, plus de Guerre et Justice à l’ouvrir à tort et à travers. Plus tous ces faciès desquels tu voulais arracher le derme de leurs visages pour t’en faire de superbes masques de soin nocturne.

La belle vie, enfin. Mais non, t’es là, à te retenir de maltraiter ton corps plus qu’il ne l’est déjà. T’as bien du mal à nous regarder dans le miroir à présent. Où sont passés nos splendides cheveux flamboyants? Où est passé cette enveloppe laiteuse qu’elle en faisait des jaloux? Juste d’abjectes marques ; sillons de carne fondue et creusée. Chaînes d’or qui trop longtemps nous ont maintenus. Charbonné à vif. Combien de fois, te revois-tu à lorgner tes entrailles pendre, glisser et s’écraser dans ce gouffre infernal? Tu n’as plus compté. Combien de fois, cette agonie t’a-t-elle fait perdre conscience? Les seuls instants que tu appréciais. Tu ne sentais plus rien. Tu n’étais plus. Seulement sa magie se voulait vindicative ; à peine l’oeil fermé, elle revenait. Cette douleur revenait te prendre par ces viscères que tu peinais à régénérer. Attrapait de nouveau ta main décharnée ; os rongés d’or pour une énième balade. Tu ne pouvais plus. Le Temps nous était devenu étranger.

Combien de millénaires? D’ères? Le monde a évolué d’une façon si inattendue que tu souques à tout saisir. Et venait mon tour, supplice que je n’acceptais nullement aussi. Je ne pouvais que continuer de ressentir ce que tu subissais déjà, lorgner d’un oeil morne notre corps chuter pan par pan. Observer cette main devenue étrangère à notre propre vue faire son saut dans l’abîme. Savourer ce liquide faire son chemin au travers notre peau, acide doré ; affres infernales. Que ressentiriez-vous, si l'on vous injectait du mercure liquide directement dans les veines? Un mercure brûlant ; corrodant son propre support? Vous passeriez un agréable moment hein? Vous en hurleriez de bonheur, non? Vous seriez là, à pleurer des larmes nocive qui emporteraient même vos yeux, traçant leur chemin de croix sur votre visage.

Nous avions l’air si beaux. Martyr agonisant ; être organique et couvert de la couleur des Saints. Nous n’avions plus qu’à bénir tout ce continent de la pire affliction qu’il méritait. Tu n’avais plus qu’à les maudire. Tous autant qu’ils sont. Tu as construit ta haine, brique par brique, supplices après supplices ; à chaque membre disjoint tu inscrivais ces croix dans ton esprit. Une croix pour chaque chancre que cette butorde de Justice pugerait. Tu rêvais de lui mettre la main dessus. Rêvais de la confronter de face et non à revers comme elle l’avait fait. Se savait-elle désavantagée pour y aller d’une façon si couarde? Savait-elle ce qu’elle risquait? Tu n’avais eu cesse d’esquisser ces croquis, tête pendue au-dessus de ton lit ; barbelés rouillés pour liens. Trophée forestier dans ton salon ; fragrances d’agrumes et florales embaumant l'atmosphère. Simple décoration sous cloche que tu aurais fleurie de basilic ; haine. Mépris. Était là tout ce que tu avais pour celle qui maintenait l’épée de Damoclès.

Et tu tournes, tournes, tournes. Entame ta peau de nouvelles stries, une de plus, de moins. Ton corps te dégoûtait. Te rappelait un peu trop celle qui t’avait mis dans un état aussi misérable. T’étais là, à caresser ces cicatrices boursouflées, choses disgracieuses sur une silhouette que tu aimais tant. T’étais là, à les apprécier. Te les approprier. Passer la langue dessus pour te souvenir de chaque douleur encourues. Elle allait payer. Salement payer. Tu étais de retour et du bonheur, tu n’en feras rien. Des pires calamités et cataclysmes, t’en feras tout. Ils paieront tous. Et toi, tu danseras sur les restes, une banane fendant ton visage.
Le Hasard et Morphée


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Ven 17 Juil - 0:13
Aria IX
III & IV (of Cups)
EN COURS DE MAINTENANCE GAL DOIT REPARER SON CUL
Le Hasard et Bob la Bricoleuse


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Ven 17 Juil - 0:47
Aria X
Something from the past
Cet endroit n’est-il point magnifique? Tous ces piliers, ce chaos fait par Mère Nature elle-même. Cette pénombre et ces eaux splendides qu’elles vous en font fondre littéralement. Regardes-moi ces roches, empilement archaïque, ancien temple tout aussi monumental que fut le mien. Il faut le dire, les Alchimistes ne font pas les choses à moitié quand il s’agit de nous plaire, nous divinités. Oui, vous l’auriez compris, ce temple ; à présent devenu une route pour les abrutis chercheurs de cailloux que je leur ai donné des millénaires plutôt n’est guère mien. Mais le sien. Les Ruines d’Ezdral. Et lui était là, statue de marbre à l’aura glaciale ; assise sur son trône. Trône de pierre qui n’a nullement changé malgré les ères écoulées. Il était là, ombre funeste à jouer sur un échiquier flottant ; probable prouesse de ses dons. N’est-il pas le Monde, après tout? Je me lassais d’avoir de ses nouvelles après tout ce temps. Après cette vilaine punition qu’il m’avait infligée. Ainsi faisais-je savoir ma présence, laissant tomber une carte sur son plateau. Le Mage, première arcane majeure après le Fou. Ainsi posait-il sèchement son cavalier, ne daignant relever le regard, doigts toujours sur son pion.

「Que me vaut ta visite, Cipher?」

Un sourire venait fendre mes lèvres, me dégageant des ténèbres pour lui faire face. Que j’aimais cette réalité. Sans ce filtre stupide qu’il s’efforçait de porter aux yeux de tous pour une stupide histoire d’équilibre. Que j’appréciais cette ombre planante au-dessus de mon crâne qui m’en donnerait presque une crainte que je n’avais jamais ressentie.

「Oh, je m’ennuyais de tes nouvelles, mon cher. Vois-tu, après tant de millénaires, je souhaitais simplement m’entretenir avec toi! Comme au bon vieux temps.」

Silence de plomb tandis qu’il me renvoyait sans ménagement ma carte que je rattrapais habilement. Il n’aimait jamais mes présents! Toujours aussi compliqué même après autant d’ères! Et moi qui pensais que le temps aurait eu raison de la sagesse de cette vieille croûte...

「N’est-ce là que cela?」

Combien avais-je oublié que Papy croûton me lisait que trop bien. J’haussais les épaules, lorgnant l’environnement alentour.

「Ah, ne fait pas ton Vieux Papy Voyant! Tu le sais déjà, non?」

Un battement de cil. Une demi-seconde. Moins même. Mon esprit n’avait point réagit, seules ces fleurs amarantes coulaient de ma gorge, légèrement entaillée. Assez profonde pour faire passer le message, assez superficielle pour que ma tête tienne encore sur mon cou. Terrible Réalité, terrifiante Réalité. Sans avoir bougé de son trône. Sans même m’avoir jeté ne serait-ce qu’un regard. Seule sa partie contre lui-même semblait prendre toute son attention, pions après pions, il les déposait avec un calme qui dénotait de son attitude. Ah mon cher monde, tu es si resplendissant ainsi!

「Je réitère donc, que me vaut ta visite, Cipher?」

L’hiver pointait le bout de son nez et ainsi en allait le ton du Monde qui se faisait soudainement bien plus tranchant qu’il ne l’était déjà. Lui qui était si patient était étrangement exigeant quand il s’agissait de réponses.

「Je te l’ai déjà dit mon cher ami, prendre de tes nouvelles. N’es-tu point ravi que je sois enfin de retour? Surtout après ce calvaire que tu m’as si gentiment offert?」

Léger rire de ma part, me fichant ouvertement lui, scrutant toujours l’immense structure. Soupir. Temps prenant un arrêt un court instant alors que le Monde se mettait un échec et mat.

「Peut-être devrais-je t’y renvoyer si cela te plaisait tant. Je n’ai guère la gentillesse de Namalya, Cipher.」

J’agitais soudainement la tête et les mains, étouffant un rire, retenant cette boule à l’estomac.

「Ta proposition est ravissante mais ce sera sans façon! Je me sens bien mieux à l’air libre!」

Cependant, un prénom me faisait tiquer. Celui de cette gaupe de Justice. Ah, vivait-elle encore?

「Dis-moi, cher Monde, comment se porte cette catin de Justice?」

A quoi bon le cacher, il le sait. Le sait et s’en fiche dans le fond. N’en a cure d’eux, s’afflige un rôle et punition pour une noirceur et vices qu’il n’assume point. Instant muet, une fois encore, l’échiquier s’envolant tel un spectre dans les airs, alors que lui prenait place dans son assise, jambes croisées, ambres plantées droit sur ma personne. Sensation désagréable et amusante d’être lu et sondé. Nous nous rendions si bien la pareille.

「Nous parlons donc.」

Sourire de ma part, décidant de m’improviser un petit nuage d’air pour mon dargeot. Je me sentais comme ce gars avec sa tenue orange et six bouteilles de gel pour faire tenir son ébène chevelure là. Peut-être devrais-je essayer un jour en hurlant que je cherche des balles de dragon pour ressusciter je sais pas qui qui meurt tout le temps. Et enfin la Réalité m’accordait ne serait-ce qu’une fraction de son attention. Qu’importe, je n’avais nullement besoin de plus.

「Alors, comment se porte cette chère et tendre aveugle?」

Regard entendu du monde, lame de rasoir un peu trop proche de ma carne, redressant le visage en arrière afin de mieux me toiser malgré mon superbe nuage tout doux. Ce que mon fessier pouvait l’apprécier. J’aurais dû le faire pailleté, cela lui en aurait mis plein les mirettes.

「Comptes-tu terminer ce que tu as échoué à faire?」

Mes commissures arboraient un sourire mauvais, amusé d’une telle pique pour commencer une conversation après tant de millénaires. Le Papy n’avait rien perdu de sa verve et ne perdait aucunement son temps en fantaisies et détails futiles. Il savait, visait et abattait. Tout aussi bêtement. Implacable, impitoyable et terrifiant.

「En effet. N’est-ce pas toi qui m’en as empêché ou te ferais-tu sénile Papy Heren?」

Seules ses ambres répondaient pour ses lèvres, dans le fond ravies que j’ose le défier, dans l’apparence indifférentes et meurtrières.

「Et qu’attends-tu de moi, Cipher? Que je vienne de nouveau sauver cette faiblarde?」

Ce fut plus fort que moi, mais me voilà qui riait comme un bienheureux, plu d’entendre de pareilles paroles des lèvres d’un des deux Doyens de la maison de retraite. Plu de voir la Réalité s’embrasser telle qu’elle était pour ces rares moments. Elle qui se savait éperdument au-dessus de tous, elle qui se taisait constamment pour le bien-être de silhouettes dont il n’a que faire. Lui qui prenait tout sur ses épaules sans une plainte, se muselant une liberté qu’il ne convoite que depuis des millénaires. Et il était là face à moi, ce poids se désagrégeant pour un court moment.

「Oh, rien de particulier mon cher. Je ne faisais que l’état des lieux, calculais mes chances et prenais des nouvelles de cette maraude que je ne désire que morte. A qui la Justice manquera-t-elle en ce monde? Certainement pas à toi? Qui te manquerait à toi, qui es au-dessus de tout ce que l’imaginaire puisse créer?」

Léger mouvement de tête, sa main venant soutenir le côté de son visage, un court moment pensif. Sincère réflexion du monde à une question bien anodine.

「N’as-tu guère répondu à la question, Cipher?」

Comme attendu, une réponse en cachant une autre, affirmant mes hypothèses. Ainsi me laissait-il la voie libre quant au châtiment de cette chère Justice. Ainsi se fichait-il royalement que je sois là quand sa plus fidèle soeur, la dame de fer me voue une haine sans bornes. N’est-ce point amusant, de tous les voir tomber dans ce panneau si énorme qu’il en devient invisible pour tous? Sauf nous?

「En effet! Mais j’en ai une autre pour toi. Quand compteras-tu jouer cartes sur table? Pourquoi te forcer à ce rôle de misère quand tu peux être libre comme nous tous? Ce concile de vieux croûtons n’est plus, je le sais. Il ne tient que parce que madame je pète des tables à tout va hurle qu’il en faut. Mais toi, ô toi, mon cher, qu’y gagnes-tu dans tout ceci?」

Après l’hiver venait l’orage, prunelles de la Réalité s’assombrissant légèrement, toute attention à présent sur ma personne. Il le savait, ô combien j’allais le tarauder avec cela. O combien je ne lui lâcherais pas les basques pour qu’il puisse se laisser vivre. Nous avons tant en commun et un frère fêlé de plus avec la Foi, je ne demande que cela! Plus on est de fous, plus on rit, ne dit-on pas? Cette réalité fadasse m’ennuie. Autant qu’elle se lasse elle-même. Autant que ce spectre que je revois à chaque réunion, à chaque instant de sa vie, la tête dans les cieux à dessiner une vie qu’il ne désire que sienne. Et non vivre un rôle juste pour tous. Qu’en a-t-il à faire d’autrui, il l’a dit de lui-même! Ils ne sont que des galets, pierres roulées sur son chemin qu’il ignore. Pierres roulées sur lesquelles il marche ou empile pour son bon plaisir.

「Comptes-tu me faire ton éternel discours sur cette liberté que je me dois de prendre?」

Claquement sonore de la part de mes mains, le pointant de l’index.

「Exactement mon cher! Autant de millénaires qu’il le faudra mais je ne vais pas te lâcher avec ceci. Tu ne me la fais point. Je sais très bien comment tu es, puisque tu te montres ainsi à moi. Alors pourquoi pas à ces autres crétins? Que crains-tu? De tous les enterrer un par un avec le monde entier parce que leurs présences t’insupportent? De ne plus suivre ce code stupide et bancal que tu t’imposes? Ou cette vaticination, qui me donnera raison sur le terme?」

Silence lugubre. Le Monde ne pipait plus mot - moins qu’à son habitude, nous avons là un record, champagne! -, ses uniques prunelles ne se faisant que plus distantes. Sensation d’être à la fois si proche et si loin, emprise sur notre personne dont l’étreinte nous laisserait nullement nous échapper. Et puis encore ce soupir. Un écart de seconde de trop ; bête écart sur lequel mon regard était resté accroché. Ce fin sourire presque invisible ; une pointe de sardonisme s’en dégageant. Un sourire de trop pour finir là, épinglé. Une fois de plus. Ne pouvez-vous donc pas faire autre chose de ma personne qu’un papillon accroché dans un cadre? Sérieusement! Il en allait s’en dire que je ne savais guère d’où sortait cette lame, cadeau de son don. Il en allait s’en dire qu’il avait visé avec une précision mortelle sur un si court temps, claymore prenant place au côté de mon coeur sans pour autant l’atteindre. Et ma brave personne servant de carpette pour le Monde lui-même qui venait fermement attraper ma gorge d’une poigne de fer. Cet abruti allait me buter en fait ou quoi? Moi qui ne voulais qu’aider! Ingrat, t’es grave ingrat, Papy Heren!

「Tes paroles m’éreintent, Cipher. De quel droit te penses-tu plus apte à me dire comment agir ou parler? Ne l’as-tu pas dit toi-même? Je suis bien au-dessus de vous tous. Vos vies, vos joies et peines ne sont nullement de mon ressort. Je me fiche bien que vous trépassiez tous du jour au lendemain. Je me fiche bien de cette société et de ce peuple dont j’en porte le triste nom. Que comptes-tu me faire à moi, la Réalité? La Morale? Quand on ne peut abattre une pauvre biche galeuse aveugle sans devoir m’y confronter? Descend de tes grands chevaux avant que je ne t’y fasse descendre et sans retour possible. Ta considération m’importe peu. N’oublie guère cela, Hasard. Tu vis seulement parce que je t’y autorise. Vous vivez tous parce que je vous l’octroie. Et toi plus que d’autres est digne d’intérêt. Ne me force pas à perdre le peu d’intérêt que j’ai en ta personne pour de pareilles inepties.」

Sa poigne venait quitter ma gorge comme sa lame, une fois de plus envolée je ne sais trop où. J’avais oublié. A quel point les dons de Papy Croûton avaient une dimension que je ne saurais saisir. A quel point Papy Croûton était en effet celui qui régnait sur ce monde. Je me redressais, mes blessures partant aussi vite qu’elles étaient arrivées - la magie de sa propre poisse tavu -, époussetant mes précieux habits, une moue fort contrite.

「Tu as vu ce que tu as fait à mes vêtements, Papy croûton! Ils étaient neufs! J’exige que tu me rembourses cela!」

Voix moqueuse, restant cette fois-ci les pieds sur terre, lorgnant l’ombre qui était retournée sur son trône, mirettes ambrées m’observant toujours.

「Une dernière question et une gentillette promis!」

Un petit coeur des mains, sourire guilleret. Le voir ainsi me rendais toujours un peu extatique ; mélange entre une crainte que je n’ai jamais connue et une joie immense. Ah, les émotions, ces choses singulières.

「N’as-tu pas une légendaire? J’ai eu vent que tu avais à présent une arme pour appuyer ce rôle que tu t’imposes.」

La réponse ne se fit point attendre pour une fois.

「Congédiée. Sa personne m’ennuyait fort. Et j’apprécie cette solitude ici. Enfin, appréciais.」

Regard entendu. Dis que je suis de trop, aussi! Oui, je sais, il le dit sans le dire! Faussement vexé, je tournais les talons, les joues gonflées.

「Puisque c’est ainsi, je m’auto-congédie avant tu ne me congédies! Et toc! Qu’en penses-tu de cela, hein?」

Rire enfantin, prenant les devants pour quitter ce lieu oppressant.

「Cela m’emplit de joie, Cipher.」

Léger arrêt, retenant les calomnies qui venaient se tasser dans ma gorge comme un accident de train où les wagons se prenaient pour des briques de Tétris. A la place je me contentais simplement de le saluer de dos, sautillant.

「Moi aussi je t’aime, Papy Croûton!」
Le Hasard et le Monde


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Cipher
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Cipher
Sam 25 Juil - 18:39
Aria XI
So silent
Qu’est-ce qui te taraude, Ciph? Votre petite discussion de ces derniers jours? Ou le simple fait que depuis ces millénaires, années après années, siècles après siècles, sabliers brisés après sabliers brisés il soit toujours là? Dans un coin de ton crâne? Que tu ne revois sans cesse son image, ses traits et te répète en boucle chaque mot. Chaque intonation et parole sans même y comprendre le pourquoi? Qu’y gagnes-tu à imprimer des paroles décontextualisées et purement anodines? Tu n’en sais rien. Et tu es là, le nez dans tes livres, à te retourner l’esprit pour comprendre ce qu’il peut bien s’y dérouler. Tu es là, à feuilleter les immenses archives de ta mémoire, à la recherche de liens et indices.

Et plus tu tournes les pages, moins les possibilités semblent te ravir, me trompe-je? Tu sais très bien pourquoi chaque parcelle de son âme est gravée dans ta caboche. Tu sais très bien pourquoi tu es là, à prendre une échappatoire dans un apprentissage que tu as déjà appris il y a deux cent ans de cela. L’esprit le sait, le coeur lui, peine encore à tout saisir. Tu ne peux nier, renier. Ne peux faire une croix sur ces moments et cela te ronge, Ciph. Vraiment, qu’est-ce que cela t’apportes que de ressasser des choses lointaines? Des scènes que tu ne vivras plus jamais? Des souvenirs volages que tu ne peux plus saisir, simplement les abandonner aux chants grisés du Zéphyr. Pour une rare fois, tu as cette mécanique singulière, cette horloge organique nommée coeur qui te pèse beaucoup trop.

Tu te sens comme entraîné dans des eaux profondes où nager ne t’es point permis. Tu voudrais taire sa mélodie, rembobiner le temps pour y retirer les engrenages mélancoliques et nostalgiques mais puis-tu? Tu n’es pas le Monde, toi. Simplement une probabilité et même la plus subtile soit-elle, tu sais que c’est chose impossible. Tu ne peux effacer tous ces millénaires. Tu ne peux retourner en arrière et retrouver ces moments que tu chérissais tant. Alors comme toujours, tu souris. Mime de rester de marbre face à sa personne. Peint de traits nerveux ses aplats fêlés que tous te connaissent et repars pour une nouvelle comédie. Serais-tu égoïste, que de hurler la vérité? Serais-tu plus mauvais que tu ne l’es déjà? Tu t’en moques mais lui? Qu’en sais-tu? Cette vie, lui pèse. Non. Cette existence même lui pèse.

Et il en ignore une bien vaste partie que tu gardes sous clef dans un coin de ta psyché. Pourquoi? Que cherches-tu à faire? Le protéger? Te protéger? Te donner le temps pour effacer ces risibles sensations qui te poignardent le coeur? Te donner le temps d’arriver avec le happy ending parfait pour vous deux? Tu ne sais plus. Tu t’en tapes la tête contre ton bureau, les nerfs en boules. Tu ne sais plus. Que dois-tu faire? Ne me regarde pas ainsi, je n’en sais pas plus, pas moins que toi. Je me sens tout aussi dépassé par ces choses inhabituelles. Et bien encore par ces vagues que tu t’efforces de réprimer pour garder cette image de marque que tous te connaissent. Enterrer cette nostalgie, brûler cette rose et faire une croix sur le passé. Il t’a oublié ; oublié ce que tu étais à cet instant précis pour lui. Peut-être devrions-nous nous y faire. Peut-être devrions-nous porter notre croix sans un mot, comme nous l’avons toujours fait.

En cette unique seconde, tu comprends ce que ressentent ces mortels que nous aimons tant tourmenter. Ceux au bord d’un précipice où les réponses planent mais les vérités s’écrasent et s’évaporent. En cette unique seconde, tu veux simplement clore les yeux, prendre un train imaginaire pour le pays onirique et t’y perdre pour ne plus penser. Alors partons, prenons nos tickets et voyons voir où cette voiture nous mènera. Nous ne pouvons que voyager, le temps que cette horloge se remette à l’heure. Cliquetis intermittents et omniprésents. Nous ne pouvons que voyager, lèvres cousues et anathèmes aux creux des mains pour tuer le temps. Faisons cela, distrayons-nous le temps d’une épopée.
Le Hasard et ses pensées


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Cipher
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Mage orchidoclaste
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Lun 3 Aoû - 0:17
Aria XII
To die for
Encore ce même rêve.
Je crois qu’échanger avec la Mort de tout cela n’a fait que rouvrir des vieilles blessures que j’avais réussi à panser. Ou du moins à me convaincre de.

Toujours ce rêve.
Cet instant précis ; cette chute des cieux.
Nos deux silhouettes enlacées, oiseaux bannis d’un Royaume où ils n’étaient point la bienvenue. Où ils n’étaient plus le bienvenue. Oiseaux maudits ; frappés d’une vésanie qui aura eu raison d’eux. Et alors ils chutent, tentent tant bien que mal de voler ; mais ces ailes sont trop lourdes. Ces ailes sont décharnées. Ils s’écrasent plus bas que terre. Goûtent un instant le sable terreux entre leurs lèvres, goût âcre mélangé aux amarantes qu’ils laissent fleurir sur le sol. Oiseaux blessés, frappés par toute une force qu’ils auraient pu gérer si tout n’avait pas dégénéré. Oiseau jais se remettant bien vite sur pieds, lorgnant ces terres inconnues. L’oiseau immaculé quant à lui, mouvait à peine ; malheureuse créature baignant dans son propre sang. Stupide créature crucifiée par ses propres choix afin de protéger son compère et amant. Le monde n’est plus pour lui. Le monde n’est qu’un vaste champ noir et profond. Galaxie où seules se démarquent quelques étoiles et aurores boréales. Il ne réalisait pas. Que c’était la dernière fois qu’il voyait son visage. Que c’était la dernière fois où il percevait l’univers tant en lui-même que de façon métaphorique.

Toujours ce même rêve,
ancre me tirant dans les fonds, ongles venant arracher la carne de mon buste ; cette douleur qui à jamais perdurera. Cette douleur de ne plus pouvoir me représenter ses traits. Cette douleur d’une idiotie par… “Amour” que de le protéger. Pourquoi ne l’ai-je pas écouté? Pourquoi m’en suis-je mêlé? Pourquoi ai-je tant voulu te protéger, toi qui à présent ne sais même plus qui j’étais pour toi, Monde? Douleur indélébile lovée par delà ces prunelles dorées. Aveugle, je le suis. Là est mon premier sacrifice pour notre vie. Là était mon premier espoir pour nous de se débarrasser de tous ces guignoles. D’offrir un endroit où sa vésanie pourrait avoir libre court sans qu’elle ne soit arrêtée. Où je pourrais la voir éclore et être à ses côtés. Le doigt bien dans l’oeil, hein? Ironique, quand on est celui qui prend la vue d’une autre quand on ne voit guère soi-même?

Toujours ce même rêve,
Corbeau relevant le faucon blanc épinglé ; portant celui-ci sur son dos. Comme si le corbeau allait laisser son jouet être abîmé à ce point. Pas un mot, pas un son et le faucon pouvait de nouveau voler tel un jeune venant à peine de naître. Mais point sa vue. Sa vue ne lui revenait guère. Il ne voulait point. Ils ne voulaient point. Corbeau tortionnaire décidant que sa blanche colombe serait bien plus belle ainsi. Que sa blanche colombe volerait bien mieux ce hardi sentier dépassé.

Sa blanche colombe brisée.
Sa chose brisée.
Sa possession et rien d’autre.


Oiseau nullement naïf, donnant de pleine conscience sa gorge afin d’y être enchaîné. Ne sommes-nous pas que de vulgaires âmes fêlées et dérangées après tout? Là était ma punition ; ma leçon pour l’avoir protégé. Là était ma rédemption pour me souvenir à jamais de mon idiotie. Alors cette vue, je n’en voulais plus. Je ne suis qu’un oiseau rapiécé mais un oiseau encore adroit. Et entre de bonnes mains aussi terrifiantes et cruelles soient-elles. Elles restent les siennes. Ses mots sont lois, ses gestes sont actes d’or. Le faucon n’obéit simplement. Cela lui plaît. Ne veut obéir à personne d’autre qu’à cet infernal être. Beauté que seul lui saisissait. Folie qu’il n’en aimait que plus. Ne pliera l’échine que pour lui. Pliera le monde mais se pliera au Monde.

Toujours ce même rêve,
De se réveiller à ses côtés, perdus on ne sait trop où sur cette terre aride.

Toujours ce même rêve,
De ces paroles ;
De ces gestes ;

Toujours ce même maudit rêve,
Unique instant où je l’entends encore ;

Je t’aime.

Toujours ce même maudit rêve,
Me harassant de savoir si un beau jour,
Ces mots viendront de nouveau à moi.


Dis-moi juste que tu m’aimes, là est ma seule faveur à ton égard, ô Monde.
Je suis las, si las.

Une nuit de plus, pour taire ce coeur si inutile. Une nuit de plus, à clore les yeux sur un univers que je ne vois que par auras, énergies et magies. Une nuit de plus, si loin et si proche de tout ce qui nous a jamais séparé.

Ne revient plus,
Ne me hante plus,
Je te maudis, rêve.
Le Hasard et sa lassitude


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