L’indifférence appelle l’indifférence. Jeune Nawûn qui n’oublie pas son âge parce que chaque jour, elle marque une pierre. Jeune Nawûn qui n’oublie pas son nom parce qu’il est marqué sur son poignet. A quoi cela servait il après tout, quelques lettres et numéros dans quel but fallait il les conserver. Une tentative de différenciation d’êtres qui se voulaient chacun posséder sa propre identité, être unique. Pour quoi faire, elle n’en a aucune idée. Les pas sur le chemins qui l’ont mené jusqu’ici semblent déjà bien loin, incapable de regarder derrière elle, elle ne peut qu’avancer sans se poser de questions. Qu’en tirerait elle après tout si ce n’est quelques secondes de réflexion. Où va t’elle ? Elle ne sait pas. On pourrait la penser victime d’une éternité d’indifférence. Impossible. Elle ne peut pas être victime, cela lui est interdit. Imiter, copier, la seule chose qui lui a permit de faire quelques pas d’apprendre peut-être, à supposer qu’une indifférence innée ne l’ai pas poussée à oublier.

Pourquoi une Vu’Han ? Parce qu’il en est ainsi, ce n’est pas un choix c’est parce qu'elle l'a vu. Parce qu’elle l’a frôlée un jour lui arrachant ce simple regard. L’instant suivant sans vraiment savoir ni chercher à comprendre, elle était comme elle. Cheveux et fourrure d’un blanc immaculé. Vêtue de quelques étoffes elle mit un temps avant de comprendre l’utilité des vêtements car quand bien même elle n’en avait cure il était bien plus agréable de marcher chaussé sur un tapis de neige et de glace comme dans un buisson d’épine. Combien de fois blessée par ce genre de négligence causé par son être, elle avait faillit y passer, si elle avait pu mourir cela dit. Mais quelle importance.

Guidée par ses seules imitations, elle s’arrête parfois devant les tableaux des primes ou dans les auberges, qu’elle est longue l’éternité à ne rien ressentir, paradoxe fictif créé par mimétisme, elle le pense simplement, il faut tuer le temps. Simple mercenaire à la réputation teintée de vague, excelle dans l’assassinat mais incapable de mener à bien certaines missions qui ne demanderaient pourtant qu’une once de coeur.  Qu’est-ce que c’est qu’un coeur, si c’est ce que vous voulez, un coeur, elle vous l’apportera, demandez lui de l’utiliser, elle ne sait simplement pas.

Se nourrir tant qu’elle vit dans des zones peuplées n’est pas un problème, au vu du nombre de salopard qui traînent dans les bas fonds et du nombre de parvenus dans les cours. L’indifférence minimaliste, est un trait commun à tout être. Qui se soucie vraiment de tout et ne fait jamais preuve d’une once de détachement ? Elle n’en connaît qu’une. Elle l'a imité longtemps. Elle a beaucoup appris avec elle. Une fois séparées, tout fut jeté de son côté dans un tiroir de son esprit qu’elle n’ouvrira sûrement plus jamais. Même son nom, oublié. Jeté dans le fouillis d’une histoire dont on ne retrouvera jamais le début et dont on perdra sûrement la fin. Car dans l’indifférence il n’y a rien qui mérite d’être raconté. De la mort d’un paysan à celle d’un roi, on finit tous par sombrer.

Personne ne sait vraiment qui elle est, certains doutent même de son existence, on en parle bien trop peu. On y fait pas attention. Peut-être devrait on, car elle est pourtant bien là. Simplement cachée sous le masque de cet autre que vous croisez simplement sur votre trajet, curieux vous lui adressez un regard non rendu, vous observez un instant cette amas de fourrure immaculée qui dépasse d’un grand manteau de cuir, vous y penserez quelques minutes puis vous oublierez. L’indifférence appelle l’indifférence, effacée mais pourtant bien présente, elle ne vous inspire rien car dans son sillage vous ne ressentez rien. Comme elle ne se retourne jamais, vous ne vous retournerez pas non plus cette fois ci. L’indifférence appelle l’indifférence.